Le Logis Pinson ou « Porche Pinson » :
« En 1594, les commissaires du roi siégeant en la grande chambre du Parlement de Caen mirent aux enchères publiques la baronnie de La Ferté-Macé. Maitre Jouenne remporte l’enchère pour le compte de trois personnes dont Jean Pinson, sieur de la Meslière. C’est lui qui a fait construire ce manoir au début du XVIe siècle » (2). En 1650, le propriétaire est Jean Pinson écuyer sieur de la Brière. A son décès, il le laisse à Jacques Héron, curé de Beauvain et à Martin Héron. Ne trouvant pas d’acquéreur pour cette importante propriété, ils la vendent au « détail ». « Le 1er février 1662, Jacques Cordier, maître-maréchal, achète les écuries transformées en boutiques, avec le portail sur le pavillon du bout et, par une clause spéciale, se réserve le droit de faire démolir le dit pavillon… » (2). A partir de là, débute le démantèlement de la propriété. Pierre Noire, sieur de la Brindossière, marchand, devient propriétaire de la grande salle avec cabinet dessus… » (2) et un quart du jardin. « Jean Duchesnay, curé de la Ferté-Macé et François de la Loe, chirurgien se rendent acquéreurs des appartements invendus » (2) et trois quarts du jardin. La propriété s’étendait jusqu’à la rue Saint-Denis.
Localisation :
La façade du logis Pinson longeait la rue Marchande (rue entre la place du Marché et la rue Saint-Denis) dénommée rue d’Hautvie en 1875 et le nord-ouest de la place du Marché (place du Général Leclerc). Les maisons de cette place où se trouvaient les halles des bouchers, n’étaient pas alignées comme aujourd’hui. Elles présentaient presque toutes un porche avec des poteaux en bois, formant une espèce de galerie étroite où l’on pouvait s’abriter et déballer ses marchandises.
A propos de ce manoir, il est évoqué un porche à la voûte basse et cintré donnant accès à la cour intérieure par un long couloir. Il s’agit d’un passage qui communiquait avec la rue Aux Cordiers. Au début du XXe siècle, il donnait accès à un café, le café Goupil. Georges Lepage dans ses Cahiers sur l’histoire des rues fertoises, raconte au sujet de ce passage : « On y causait, fumait, chiquait, beaucoup crachait ; ce lieu avait le surnom de : Parc à huîtres ». Il fut fermé tout d’abord par une grille puis aboli. Son entrée correspond aujourd’hui au numéro 1 de la rue d’Hautvie.
Description :
Ce manoir comportait deux bâtiments dont une aile perpendiculaire au logis principal.
Anecdote : Dans les années 1920-1930, lors d’un agrandissement, les rampants du pignon sont appelés à disparaître. Des échafaudages son nécessaires pour pouvoir les desceller et les sauvegarder. Ni le propriétaire, ni le Docteur Poulain, Maire de la commune souhaitent les financer, ce dernier ne pouvant intervenir sur une propriété privée. Une solution est alors trouvée. Des fagots son apportés par le boulanger Florent, dont la boutique est rue Saint-Denis, pour recevoir et amortir le choc lors de leur chute. Hélas tous les rampants cassent.
Une tour octogonale avec un escalier tournant en granit desservait ces deux parties. Des fenêtres sont ornées de moulures et en dessous de l’une d’entre elles sont sculptés deux personnages opposés face à face avec un écusson au centre. Cette tour à l’abri des regards en est le seul vestige (3). Une pierre portant la date de 1609 provient sans doute de ce logis.
L’abbé Alfred Barbé, professeur au Petit Séminaires fertois a réalisé un dessin qui imagine avec plus ou moins de réalisme la façade de ce logis. Première description dans un aveu rendu par Bonaventure Dupont en 1749, publié dans Le Journal de La Ferté-Macé du 12 juin 1881 : « Je déclare tenir et relever du Roy en la franche bourgeoisie de La Ferté-Macé, un corps de logis nommé le logis Pinson, situé en place du dit bourg de La Ferté-Macé. Composé d’une cave, d’un bûcher où il y a cheminée, un escalier au milieu, quatre chambres et un cabinet et les greniers dessus, avec porches et piliers soutenant les dites chambres sur quatre voûtes arcadées ». Dans la revue Normandie illustrée de 1852, cette maison est qualifiée de fort remarquable : « Elle a conservée tous ses détails : des caissons armoriés au dessus de ses fenêtres en accolades, ou des sculptures au-dessus de ses porches écrasés, qui sont les uns en ogive, les autres en plein-cintre. Les gables sont ornés de crochets ou choux frisés, de monstres grimaçants et fantastiques de grandes dimensions ». Neuf de ces sculptures ont été sauvegardées ; quatre sont aujourd’hui scellées au fait d’un mur du jardin du presbytère et cinq sur un mur d’une maison de la rue Saint-Denis. Les deux figures incrustées dans un angle du mur du restaurant La Taverne de La Paix rue de la Victoire proviendrait du logis Pinson. La cour en arrière du corps de ce logis a une surface de trois perches. Les perches mesurent des surfaces différentes selon leurs définitions ; la perche carrée d’arpent mesure 51 m². Les voisins en arrière de la propriété sont René et Jacques Cordier qui ont vraisemblablement donné le nom à la rue éponyme.
Sources :
1- Source : Wilfrid Challemel ( 1846 – 1916).
2 – En octobre 1998, L’Orne Combattante rapporte qu’une demande de classement de cette tour auprès de la Drac n’a pas abouti.
Michel Louvel